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EXPOS? DE POSITION DE L?AFAC 01/2011

 

EXPOS? DE POSITION DE L?AFAC 01/2011

Enjeu : Utilisation et d?veloppement de v?hicules a?riens sans pilote (UAV)

Contexte

Au cours des deux d?cennies suivant la fin de la Guerre froide, ? l??chelle mondiale, les conflits arm?s ont pr?sent? une augmentation importante de l?utilisation de v?hicules a?riens sans pilote (ou non habit?s) (UAV). La prolif?ration et les succ?s bien document?s des UAV, quant ? eux, ont pouss? certaines personnes ? remettre en question la pertinence future des avions pilot?s du type envisag? dans la Strat?gie de d?fense Le Canada d’abord. Le pr?sent expos? vise ? d?crire bri?vement les avantages et les limites associ?s aux UAV, afin que les Canadiens puissent mettre le d?bat actuel en perspective.

Contrairement aux drones, qui sont des v?hicules autonomes ne n?cessitant pas d?intervention humaine, les UAV sont des a?ronefs qui ne transportent pas de pilote humain, mais dont des humains doivent n?anmoins assurer le pilotage ? distance. Ils comprennent des configurations ? voilure fixe et ? voilure tournante, et peuvent ?tre t?l?pilot?s ou mis en vol ? divers degr?s d?autonomie. Les UAV peuvent transporter une gamme vari?e de charges d’instruments de d?tection : ?lectro-optique (EO), infrarouge (IR), radar ? synth?se d’ouverture (SAR), renseignement d’origine ?lectromagn?tique et renseignement transmissions (SIGINT et COMINT), syst?mes de d?tection chimiques, biologiques et radiologiques (CBR), et mat?riel de retransmission radiophonique. Certains UAV, notamment les v?hicules a?riens de combat sans pilote (UCAV), sont con?us express?ment pour les op?rations de combat et ont la capacit? de lancer des armes offensives.

Initialement, l?introduction des UAV visait principalement ? effectuer des missions de surveillance et de reconnaissance et d?ainsi mettre ? profit leur capacit? de faire des vols stationnaires sur de longues p?riodes. Par la suite, on a pris conscience ?galement que les UAV pourraient ?tre utiles aux forces militaires et aux gouvernements nationaux, en leur permettant d??viter l?exposition non n?cessaire des pilotes et des autres membres des ?quipages aux risques d??tre abattus, faits prisonniers, puis exploit?s pour des raisons politiques.

En g?n?ral, les missions des UAV ont concern? les ? trois D ? : les missions monotones (celles de nature r?p?titive ou de longue dur?e), les missions suicidaires (celles o? l?environnement est ou peut ?tre contamin?), et les missions dangereuses (celles o? la menace est consid?r?e comme ? excessive ?). De plus, r?cemment, aux ?.-U. et ailleurs, des recherches consid?rables visaient ? d?terminer si des plateformes du type des UCAV pourraient ?ventuellement assumer au moins un certain nombre des fonctions assur?es traditionnellement par des avions de chasse pilot?s.

Exp?rience canadienne

Le Canada a adopt? le guide de classification de l?OTAN pour les UAV : Classe I ? moins de 150 kg, Classe II ? de 150 ? 600 kg, et Classe III ? plus de 600 kg. Les UAV de Classe III sont sous-divis?s en trois cat?gories selon un degr? croissant de capacit? et de complexit? : moyenne altitude et longue endurance (MALE), haute altitude et longue endurance (HALE), et attaque/combat.

Les Forces canadiennes ont acquis une exp?rience consid?rable dans le t?l?pilotage des UAV en Afghanistan, la Force a?rienne ayant t?l?pilot? le SPERWER, de Classe II, et, plus r?cemment, le Heron, de Classe III, et l?Arm?e ayant t?l?pilot? le Scan Eagle, de Classe I. Par ailleurs, la Marine ?value actuellement le Scan Eagle pour les op?rations maritimes et arctiques.

Les Forces canadiennes ont un grand projet en cours, qui vise ? acqu?rir une flotte d?UAV MALE de Classe III, dans le cadre du projet du Syst?me interarm?es de surveillance et d?acquisition d?objectifs au moyen d?UAV (JUSTAS). Le but est d?acqu?rir une plateforme ayant la capacit? d?atteindre des rayons d?action de plus de 1 000 nm, ayant une autonomie de plus de 18 heures, ayant la capacit? de transporter des charges multiples (EO/IR, SAR, marquage d’objectif au laser et SIGINT), ayant la capacit? de lancer des missiles ? guidage de pr?cision (PGM), et utilisables au-dessus de la surface de la terre, au-dessus de la mer et dans l?Arctique.

D?fis

Bien que les UAV se soient r?v?l?s hautement efficaces dans les op?rations en Iraq, en Afghanistan et ailleurs, comme les autres syst?mes d?armes, ils ont ?galement des limites, dont certaines sont inh?rentes, alors que d?autres seront sans doute corrig?es ?ventuellement, suivant l?introduction de nouvelles technologies. D?un point de vue op?rationnel, voici les principaux d?fis :

Surviabilit?. ? ce jour, les UAV ont ?t? employ?s dans des environnements o? la menace ?tait relativement b?nigne et contre des ennemis sans d?fense a?rienne de pointe, ni contre-mesures ?lectroniques efficaces (brouilleurs). N?anmoins, les pertes, dont la plupart ?taient le r?sultat d?accidents, mais certaines ont ?t? occasionn?es par l?action de l?ennemi, ont ?t? consid?rables. [1] <#_ftn1>.

Employabilit?. D?un point de vue canadien, les UAV n?ont pas ?t? expos?s de mani?re prolong?e aux d?fis associ?s au vol dans les r?gions du Haut-Arctique du Canada ou au-dessus de nos approches maritimes dans des conditions m?t?orologiques d?favorables. Cela dit, les fabricants d?UAV travaillent actuellement de mani?re acharn?e ? ?laborer des plateformes ayant la capacit? de fonctionner dans une gamme beaucoup plus large de climats et de conditions, que cela n?a ?t? le cas jusqu?ici.

Transfert de donn?es. Les UAV n?cessitent une bande passante tr?s large pour transmettre les donn?es n?cessaires pour les surveiller et les contr?ler, et pour retransmettre le renseignement et les autres informations recueillies au poste de contr?le au sol. Dans le cas des UCAV, les limites en mati?re de bande passante pourraient bien emp?cher le d?ploiement d?un nombre d?terminant de ces v?hicules pour des missions complexes de combat et d?attaque, du moins, jusqu?? ce qu?une intelligence artificielle et des syst?mes autonomes beaucoup plus avanc?s soient disponibles. [2] <#_ftn2> Dans le Nord canadien, les op?rations des UAV se limitent actuellement ? des op?rations de port?e optique, en raison de l?absence de t?l?communications par satellite au-dessus du 70e parall?le nord.

Exigences en mati?re de personnel. Bien que l?on clame souvent que les UAV permettent de r?duire le personnel, dans les faits, ils n?cessitent, eux aussi, un nombre consid?rable de membres du personnel pour les op?rations, l?entretien et l?exploitation des donn?es. De longues p?riodes de vol stationnaire, quoique b?n?fiques sur le plan op?rationnel, signifient ?galement que les unit?s d?UAV doivent ?tre dot?es d?un personnel suffisant pour profiter pleinement du temps sur zone accrue disponible. ?tant donn? que l?on s?attend ? ce que les op?rations d?UAV des FC s?ajoutent aux op?rations a?riennes actuelles (avions de chasse, avions de transport, h?licopt?res tactiques, patrouilles ? long rayon d’action, etc.), des ressources suppl?mentaires seront presque certainement n?cessaires.

D?veloppement des UCAV. Dans le cas particulier du remplacement des CF-18 du Canada, certains journalistes ont propos? de l?effectuer ? l?aide d?UCAV plut?t que le Canada acqui?re un autre avion de chasse pilot?. Compte tenu de l??tat d?avancement du d?veloppement des UCAV (et, plus particuli?rement, de l?absence de toute capacit? r?elle de combat air-air), il est inconcevable qu?une plateforme viable sur le plan op?rationnel soit disponible avant le retrait du service pr?vu des CF-18, d?butant en 2017.

Gestion de l?espace a?rien. Pour les op?rations ayant lieu ? l?int?rieur de l?espace a?rien contr?l? ? et, ? vrai dire, ? tout endroit o? les UAV doivent interagir avec la circulation a?rienne commerciale et priv?e ?, ils devront ?tre munis de capacit?s et d?un ?quipement de bord leur permettant d??viter les collisions avec les autres utilisateurs de l?espace a?rien. Bien que la s?paration du trafic respectant les r?gles de vol aux instruments sera possible ? court terme, les op?rations ayant lieu dans des conditions plus dynamiques ou aux endroits o? les r?gles de vol ? vue s?appliquent continueront de pr?senter un d?fi.

Co?t. Les d?fenseurs des UAV mentionnent souvent la r?duction des co?ts comme avantage important de ces syst?mes par rapport aux a?ronefs pilot?s. Bien que cela soit certainement vrai dans le cas des petits v?hicules, la complexit? grandissante des UAV est telle que, pour les plateformes de plus haut de gamme, les co?ts ? assumer sont semblables ? ceux associ?s aux a?ronefs pilot?s (le Global Hawk, un UAV HALE de Classe III, co?te environ 75 M$).

Position de l?AFAC

Les UAV ont eu un impact ph?nom?nal sur la nature de la guerre et les Forces canadiennes ont d?j? accumul? une ?tendue consid?rable d?expertise op?rationnelle et technique en ce qui concerne leur fonctionnement. ?tant donn? que les FC se concentrent actuellement sur le programme JUSTAS, on s?attend ? ce que des perc?es consid?rables soient r?alis?es, et, en supposant que le syst?me puisse ?tre d?ploy? comme pr?vu, les FC acquerront une plateforme de RSR puissante (qui aura peut-?tre ?galement une capacit? offensive air-sol).

Cependant, il reste toujours plusieurs d?fis technologiques et autres ? surmonter. Il sera essentiel que les planificateurs du MDN et des FC aient ? leur disposition une feuille de route pr?cise sur les capacit?s et qu?ils comprennent bien les choix en mati?re de co?ts, afin de s?assurer que l?acquisition des capacit?s d?UAV se fera de mani?re efficiente et efficace.

Messages

Les UAV ont apport? des avantages op?rationnels importants aux Forces canadiennes et alli?es en activit? en Afghanistan et ont permis aux membres des Forces canadiennes d?en apprendre bien davantage sur leur emploi op?rationnel. Ils constituent un actif ? multiplicateur de force ?, qui permet de fournir des donn?es tr?s utiles aux d?cisionnaires au sol.

Les Forces canadiennes et la Force a?rienne devraient ?tre encourag?es et appuy?es par le gouvernement en ce qui concerne le programme JUSTAS, de sorte que les Forces canadiennes puissent continuer d?acqu?rir de l?exp?rience et des connaissances, et, ultimement, mettre en service une capacit? d?UAV robuste qui r?pond aux besoins du Canada en mati?re de renseignement, surveillance et reconnaissance (RSR).

?tant donn? qu?aucune option d?UCAV multir?les n?est disponible, le gouvernement devrait poursuivre ses efforts visant ? remplacer le CF-18 par un avion de chasse pilot? de remplacement ? compter de 2017.